Abdel Aouacheria
Congeler son corps : chimère ou projet de société ?
Freezing human bodies: pipe dream or new society project?
Le Cryonics Institute affiche fièrement ses tarifs sur son site internet : à partir de 28 000 dollars pour la congélation d’un corps humain entier (frais de transport et d’assistance non-inclus, possibilité de financement par une assurance-décès). Ce prix est le plus bas du marché, les concurrents (les américains Alcor, American Cryonics Society, Suspended Animation et Trans Time ainsi que le russe KrioRus) n’ont qu’à bien se tenir. Le rêve est à portée de main, enfin, de bourse, et les arguments marketing sont sans détour : « une chance de recommencer une vie nouvelle dans le futur », « une jeunesse et une santé retrouvées », « les thérapies de demain pour les maladies d’aujourd’hui », « une durée de vie illimitée pour réaliser tous ses projets », « des retrouvailles avec ses proches, enfants et petits-enfants », « une expérience unique de voyage à travers le temps ». Parmi les autres services proposés, on trouve la cryogénisation d’organes (y compris du cerveau, congelé à part par la société Alcor contre 80 000 dollars), mais aussi d’animaux domestiques ou menacés d’extinction. Qu’en est-il vraiment de toutes ces promesses ? Faux ou vrais espoirs ? Vaste escroquerie technoscientifique et commerciale ou prémices d’un renouveau sociétal ?
Par Abdel Aouacheria
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Faut-il avoir peur des robots-dentistes ?
Should we be afraid of robot dentists?
Comme le prologue d’un film de science-fiction, la vidéo diffusée par la chaine chinoise CGTN débute par la mention « Xi’an City, China. Sept. 16, 2017 ». Le bras articulé du premier robot-dentiste de l’histoire effectue ses lents mouvements, tout en contrôle, dans la bouche d’une patiente maintenue sous anesthésie générale. Puis des mains humaines, aux gestes plus saccadés, posent une fraise dentaire sur une turbine. Un praticien du département de stomatologie de l’hôpital militaire de Xian fournit ensuite des explications sur la technologie, ou plutôt les technologies, qui ont permis la réalisation de cette prouesse : la pose d’implants dentaires par un robot autonome. Le secteur dentaire est depuis partagé entre l’incrédulité, l’engouement, le déni et le bashing. Pourtant, l’évidence est là. Dans la majorité des lignes de montage, sur les divers sites de production industrielle, partout dans le monde, des robots ont de longue date remplacé les ouvriers. Les systèmes de pilotage automatique des avions ont fait voyager plus de touristes que tous les aviateurs du monde réunis, et le programme informatique Alpha Go développé par Google DeepMind écrase régulièrement les meilleurs joueurs de go de la planète. Depuis leur mise en circulation dans les années 2000, les robots Da Vinci ont réalisé près de 20 000 opérations chirurgicales sur le territoire national (en urologie, gynécologie et même une ablation du sein sans cicatrice en 2016), tandis que des lasers robotisés pratiquent quotidiennement des surfaçages cornéens (pour traiter la myopie). Le pays des dentistes allait-il être épargné ? Loin s’en faut, comme le prouve l’autorisation en mars dernier par la très puissante Food and Drug Administration américaine de l’utilisation du robot-dentiste Yomi, commercialisé par la société Neocis Inc. La dentisterie vient de signer son entrée dans l’ère de la robotisation. Mais derrière cette promesse de révolution technologique se cache peut-être aussi un symbole. Celui d’un parcours initiatique destiné à conduire les professionnels du dentaire vers la prise de conscience d’une mutation de leurs métiers, et sans doute de leurs prérogatives futures.
Par Abdel Aouacheria
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